A la fin du dix-neuvième siècle sont apparues dans de nombreux villages de France des mémoires, appelés « monographies », décrivant les spécificités de ces lieux pour les faire connaître : population, situation géographique, histoire, activités économiques et enseignement.
L’origine de ces documents est généralement attribuée à une demande du Ministère de l’instruction Publique, qui, pour la présentation de l’enseignement primaire public à l’exposition universelle de 1889, a recommandé à chaque instituteur de France la réalisation de ces monographies. L’instruction générale du ministère du 31 juillet 1887 a permis de rationaliser ces descriptions, en donnant aux instituteurs des modèles pour les aider dans leur rédaction.
Rappelons que l’exposition universelle s’est tenue à Paris de mai à octobre 1889. Son objectif était, pour la France, de commémorer le centenaire de la Révolution Française de 1789, en montrant au monde entier l’évolution de son industrie, depuis 100 ans, sous les auspices de la république et de son empire colonial.
Mais dans le cas d’Auzeville*, la monographie a été signée par l’instituteur public J. Baqué, le 2 mai 1885. Elle est donc antérieure à cette directive du Ministère. En effet, des initiatives de sociétés savantes avaient déjà déclenché une tendance pour le développement de l’histoire locale et des Inspecteurs d’Académie, soucieux d’améliorer l’enseignement de la géographie, favorisaient la réalisation de mémoires par leurs instituteurs. La Haute-Garonne a été un précurseur dans l’établissement de ces documents, puisque sur 589 communes du département, 530 disposent d’une monographie rédigée à cette époque !
Ces monographies représentent une bonne photographie des villages de la fin du 19e siècle et constituent une base de travail pour des recherches plus approfondies. Elles sont parfois agrémentées de cartes et de graphiques. Elles sont un témoignage des mentalités de l’époque et du rôle essentiel des instituteurs de Jules Ferry, alors ministre de l’instruction publique.
Avec des résultats très inégaux, toutes n’ont pas été conservées. Celle d’Auzeville a heureusement été sauvegardée par des Auzevillois avertis, que nous remercions vivement ! Ce document, qui comporte uniquement du texte, est un manuscrit de 28 pages, écrit à la plume fendue permettant « les pleins et les déliés ». Le lecteur du 21e siècle doit imaginer que l’instituteur, auteur de ce document, ne disposait ni de stylo effaceur, ni de correcteur d’orthographe, ni de logiciel de mise en page… Et malgré tout cela, le nombre de ratures est très faible !
Cette monographie a parfois été citée, notamment dans l’ouvrage « Mémoire d’Auzeville » publié par l’équipe municipale en 2016, mais reste peu connue des Auzevillois. Pour une meilleure accessibilité, notamment auprès des jeunes, il nous a paru utile de la recopier en « écriture moderne ». Nous avons transcrit le texte fidèlement, en conservant les découpages des phrases et des paragraphes, la ponctuation originale, l’orthographe des mots de l’époque, l’utilisation des majuscules ou minuscules, l’écriture des nombres en chiffres ou en lettres, et même quelques rares fautes d’orthographe.
Bonne lecture !
* L’épithète « Tolosane » n’est apparue qu’en été 1943 ; tout juste 80 ans !
Jean Renalier